16

 

Quand Douglas Dates, le secrétaire d’Etat, entra dans la salle du Conseil de la Maison Blanche, les hommes assis autour de la table de conférence se levèrent. C’était une marque de respect à l’égard de celui qui portait maintenant sur ses épaules l’avenir incertain de la nation. C’était lui, et lui seul, qui allait prendre toutes les décisions importantes des jours, ou peut-être même des mois à venir. Certains, parmi ces hauts personnages réunis dans cette pièce, s’étaient méfiés de sa réserve, de l’image qu’il cultivait, mais ils faisaient maintenant abstraction de leurs sentiments personnels pour se ranger à ses côtés.

Oates s’installa dans le fauteuil placé en bout de table, invita les autres à se rasseoir puis se tourna vers Sam Emmett, le directeur du F.B.I., et Martin Brogan, celui de la C.I.A.

« Avez-vous été mis au courant, messieurs ? »

Emmett, désignant Fawcett d’un signe de tête, répondit :

« Dan nous a résumé la situation.

— L’un de vous possède-t-il des informations complémentaires ? »

Brogan réfléchit un instant.

« Nos sources de renseignements ne nous ont rien signalé qui puisse indiquer une opération d’une telle ampleur. Mais cela ne veut pas dire que nous n’ayons rien. Il faudra revérifier.

— Je nage autant que Martin, dit Emmett. Je n’arrive pas à comprendre que l’enlèvement du Président ait pu se produire sans que le F.B.I. ait eu le moindre indice. »

Oates s’adressa à Brogan :

« Avons-nous quelque chose qui conduise à soupçonner les Russes ?

— Le président Antonov ne considère pas, et de loin, notre Président actuel comme aussi dangereux que Reagan. Il sait qu’il courrait le risque d’un conflit majeur si jamais les Américains apprenaient que son pays avait joué un rôle dans cette affaire. Ce serait se fourrer dans un véritable guêpier. Je ne vois pas quels bénéfices les Soviétiques pourraient en tirer.

— Et vous Sam, qu’en pensez-vous ? Est-ce que des terroristes pourraient être derrière tout ça ?

— Non, c’est trop élaboré, répondit le directeur du F.B.I. Cette opération a exigé beaucoup de préparatifs et d’argent. Elle est d’une incroyable ingéniosité et aucune organisation terroriste n’aurait eu les moyens de la mettre sur pied.

— Des hypothèses ? demanda Oates aux autres.

— Je vois au moins quatre dirigeants arabes qui auraient des motifs pour faire chanter les Etats-Unis, déclara le général Metcalf. Kadhafi en premier.

— Ils possèdent sans aucun doute les ressources financières nécessaires, approuva Simmons, le secrétaire à la Défense.

— Mais pas les moyens techniques », répliqua Brogan.

Alan Mercier, le conseiller à la Sécurité nationale, prit alors la parole :

« A mon avis, ce complot est d’origine intérieure plutôt qu’étrangère.

— Qu’est-ce qui vous le fait croire ? demanda Oates.

— Nos systèmes d’écoutes couvrent toutes les transmissions radio et téléphoniques de la planète et ce n’est un secret pour personne ici que nos ordinateurs de la dixième génération sont capables de percer n’importe lequel des codes que les Russes ou nos alliés utilisent. Il paraît raisonnable de penser qu’une opération de cette envergure aurait nécessité un flot d’échanges de messages internationaux pour sa préparation et sa réussite. (Mercier s’interrompit un instant.) Or, nos analystes n’ont intercepté aucune communication étrangère présentant le moindre rapport avec cette inexplicable disparition. »

Simmons tira pensivement sur sa pipe.

« II me semble qu’Alan nous a fait valoir de solides arguments.

— Bien, fit Oates. Ecartons donc pour le moment l’hypothèse d’une conspiration venue de l’étranger. Que pouvons-nous envisager sur le plan intérieur ? »

Dan Fawcett, qui était demeuré jusqu’à présent silencieux, répondit :

« Cela vous paraîtra peut-être farfelu, mais on ne peut pas éliminer la possibilité d’un complot préparé par des groupes de pression dans le but de renverser le gouvernement. »

Le secrétaire d’Etat plaqua ses mains sur la table.

« Pas si farfelu que ça. Le Président s’est attaqué aux institutions financières et aux multinationales. Son programme fiscal les a privées d’une grosse part de leurs bénéfices. Depuis, elles alimentent les caisses du parti adverse pour la prochaine campagne plus vite que leurs banques n’impriment les chèques.

— Je l’ai bien averti des risques qu’il courait à vouloir ainsi aider les pauvres en taxant les riches, fit Fawcett. Mais il a refusé d’écouter. Il s’est aliéné les industriels de même que la classe moyenne. Décidément, les hommes politiques n’arrivent jamais à se mettre dans la tête qu’un grand nombre de familles américaines où la femme travaille sont dans la tranche qui paie 50 pour 100 d’impôts.

— Le Président a certes des ennemis puissants, admit Mercier. Toutefois, il me semble inconcevable qu’un lobby quelconque ait pu s’emparer de lui et des leaders du Congrès sans qu’aucun de nos services de renseignements n’en ait eu vent.

— Je suis d’accord avec vous, approuva le directeur du F.B.I. Trop de gens auraient été au courant et il se serait bien trouvé quelqu’un pour prendre peur et dénoncer le complot.

— Je crois que nous devrions cesser de nous livrer à des spéculations, intervint Oates. Revenons aux réalités. La première chose à faire est d’enquêter dans toutes les directions en vous efforçant par ailleurs d’assumer vos tâches habituelles. Utilisez toutes les couvertures que vous jugerez plausibles. Et, dans la mesure du possible, ne dites la vérité à personne, pas même à vos plus proches collaborateurs.

— Si nous installions un quartier général pour la durée de l’opération ? suggéra Emmett.

— Nous continuerons à nous réunir ici toutes les huit heures pour faire le point et coordonner les recherches entre vos différents services. »

Le secrétaire à la Défense se pencha en avant pour déclarer :

« J’ai un problème. Je dois partir au Caire cet après-midi pour m’entretenir avec mon homologue égyptien.

— Surtout, allez-y, fit Oates. Il ne faut rien changer à vos activités normales. Le général Metcalf pourra vous remplacer au Pentagone.

— Et moi, déclara Emmett, je suis censé donner une conférence à Princeton demain matin. »

Oates réfléchit un instant.

« Dites que vous avez la grippe et que vous ne pouvez pas venir. (Il se tourna vers Lucas.) Oscar, si vous voulez bien me pardonner cette expression, vous êtes le plus corvéable d’entre nous. Allez-y à la place de Sam. Personne ne pourra jamais soupçonner l’enlèvement du Président si le nouveau directeur des Services secrets se permet de consacrer une partie de son temps à parler devant un groupe d’étudiants.

— J’irai, fit Lucas.

— Parfait. (Oates se leva.) Que tout le monde se retrouve ici à deux heures. Nous aurons peut-être du nouveau.

— J’ai déjà envoyé une équipe du labo sur le yacht, fit Emmett. Avec un peu de chance ils découvriront une piste.

— Espérons-le », conclut Oates d’une voix grave.

 

Panique à la Maison-Blanche
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